Snobisme et littérature

Publié le par Louis

Dictionnaire de littérature à l'usage des snobs et surtout de ceux qui ne le sont pas, Scali
 
Fabrice Gaignault
vient de publier un ouvrage irrévérencieux et débordant d’humour. Il a fait de son dictionnaire une véritable chasse gardée où armé d’un vieux tromblon, il se permet de braconner sans commune mesure un gibier d’écrivains reconnus par une élite et jugés intouchables.
 
 Son franc parler ne va pas lui faire que des amis, d’autant plus que sa petite sélection d’auteurs est très éclectique. Et puis avouons le franchement, nous avons tous plus ou moins des goûts élitistes ou jugés tel quel. Nous sommes tous le snob de quelqu’un. Libre à celui qui ne l’a jamais été de nous lancer la première pierre. Mais malgré cela, il faut admettre que certains s’arrangent pour battre des records en matière de snobisme.
 
 La qualité essentielle de ce dictionnaire réside donc dans ces portraits d’écrivains passés au vitriol et remis à leur place avec une partialité hautement assumée. Dans son choix d’écrivains figurent notamment William Burroughs, l’auteur du Festin nu, idolâtré par les « snobs litt » (néologisme de l’auteur) pour avoir abattu sa femme d’une balle entre les deux yeux après avoir tenté de rejouer -sous l’emprise de la drogue- le célèbre épisode de Guillaume Tell et de son arbalète.
 
 Même si je ne partage pas son point de vue sur José Corti, je n’hésite pas à vous livrer tel quel sa propre vision du personnage : « Libraire et éditeur d’origine corse dont les ouvrages non massicotés provoquent encore aujourd’hui des orgasmes incontrôlés chez les snobs litt. »
 
 Pour la notice consacrée à Marguerite Duras, Fabrice Gaignault n’hésite pas à lancer d’office une frappe chirurgicale ultra blasphématoire, risquant de causer d’affreux dommages collatéraux chez ses admirateurs idolâtres : « Propriétaire foncier (et écrivain) français. Célèbre pour avoir loué pendant plusieurs années une chambre de bonne au grand écrivain espagnol Enrique Vila-Matas. »
  
 Comme notre auteur ne respecte heureusement rien et adore varier les cibles, il écrit l’article suivant sur la pauvre Sunsiaré de Larcône : « Célèbre pour avoir été à la « place du mort » à la droite de Roger Nimier, à bord de l’Aston Martin fatale, le 28 septembre 1962 sur l’autoroute de l’Ouest. »
 
 Il traite enfin Maurice Sachs de « fascinante fripouille », Jean-Jacques Schuhl de « dandy hypocondriaque », et Annemarie Schwarzenbach de « lesbienne morphinomane ».
 
 Mais le plus savoureux de ses articles restera sans doute sa tentative de définition des « Starlettres », jeunes créatures émules de Sagan qualifiées de « midinettes de bonne famille » et de « Paris Hilton graphomanes ». Des noms, des noms s’il vous plait !
     
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Publié dans Essais

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C
Merci pour cette note de lecture ! ça a l'air trés drôle et trés irrévérencieux.
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